PARIS-NICE CYCLO 2024 ( 21ème édition) 

La décision

En mai 2023 je reçois un mail de Max C. adressé à tous les membres USML CYCLO décrivant cette cyclo sportive à laquelle il avait participé en 2017 et la qualifiant de “une épreuve réellement  fantastique, une organisation irréprochable digne des épreuves des pros”. Chaque année j’essaie de m’organiser un défi sportif (à mon niveau!) et je décide donc de m’y intéresser. Après quelques semaines de réflexion et en avoir parlé autour de moi sans trouver de compagnon de route je décide de m’inscrire en solo en juin 2023 soit un an avant l’épreuve. 

Le contexte

Cet événement organisé tous les 2 ans depuis 40 ans par le club AAOC de Wissous et sous la Présidence de André Leroux comporte, pour cette 21ème édition, 10 étapes de Fontainebleau (Avon) à Nice traversant les Alpes et 20 cols soit environ 1500km et 26000m de dénivelé positif. En d’autres termes l’équivalent d’environ un demi TdF et sans aucun jour de repos… Cette année environ 160 participants sont au départ. Les 3 premières étapes traversent essentiellement la Bourgogne – Franche Comté avec des distances journalières plus longues et des dénivelés encore raisonnables ( 2000m max). Ensuite les choses sérieuses commencent dans les Alpes pour les 7 dernières étapes à partir de Aix-Les-Bains avec une vingtaine de cols à franchir se traduisant par plus de 20000m de dénivelé. 

Ce qui fait aussi l’originalité de cette épreuve c’est son niveau d’organisation. En effet, au delà d’une logistique bien rodée pour le transport des bagages, les hébergements, les ravitaillements et déjeuners en route, une armada de véhicules assurent l’assistance dont une dizaine de motos pour sécuriser la route, la Protection Civile, le support technique, les photographes, le fléchage ( parcours fléché de bout en bout) , la voiture-balai etc… tous reliés par radio pour une parfaite coordination des opérations. Sans oublier le Speaker qui encourage les cyclistes dans les cols!

La préparation

Donc sur le papier une belle aventure à laquelle je me suis engagé et il faut donc s’y préparer. Fin 2023 j’ai une petite forme sur le vélo lors des sorties USML. Rien de dramatique mais il va falloir augmenter les Watts dans les mois à venir. Début Janvier je me fixe simplement ( rien de sophistiqué) des objectifs mensuels allant crescendo pour les 5 prochains mois pour arriver début juin à environ 5000 km. Avec une météo exécrable je n’arrive à peine à rouler que 500 km en janvier. Afin d’assurer un rythme plus soutenu en distance mais aussi en dénivelé, je m’inscris à 2 séjours Stages du Soleil en mars à Roquebrune-sur-Argens et Gréoux-les-Bains en mai. Au delà de 3 sorties hebdomadaires avec le Club ou en solo, ces 2 semaines dans le Sud m’ont donné un réel « boost » dans mon planning d’entraînement. De retour de Gréoux-les-Bains je me suis aussi arrêté une journée à Bédoin pour faire 2 Ventoux ( Bédoin et Malaucène) n’ayant pas fait de longues ascensions cette année et ainsi me réaccoutumer mentalement. 

Me voilà donc à la fin mai avec un bon ressenti de forme physique après plus de 6000 km et 55000m de dénivelé depuis le début de l’année dépassant ainsi mes objectifs. 
Le vélo a été vérifié chez Bouticycle et je le chausse de pneus 4 Saisons neufs. Inutiles de rajouter du stress avec des risques de problèmes mécaniques. 

Le départ dans la « plaine »

Le 12 juin, c’est le grand départ de la première étape de Avon à Avallon. Pas la super forme n’ayant pas très bien dormi au Centre National des Sports de la Défense (CNSD) près du lieu de départ. Max m’avait prévenu: « ne t’inquiète pas ils partent tous très fort ». Effectivement, j’assure ce que je pense être une bonne moyenne près de 28 km/h sur 180 km mais malgré tout je me trouve dans le dernier quart à l’arrivée… Néanmoins pas de voiture-balai en vue. 

La deuxième étape  jusqu’à Macon est la plus longue de toutes avec 208 km et un dénivelé qui dépasse les 2000m. La moyenne évidemment baisse mais ça reste très roulant. J’ai le plaisir de monter la première côte derrière Raymond Martin (75 ans) qui, entre autres, est arrivé 3ème du TDF et a obtenu le maillot du meilleur grimpeur en 1980. 

Voilà la montagne

Le 3ème jour vers Aix-les-Bains, qui sur le papier ne présente rien de très difficile avec le premier col ( La Chartreuse des Portes), s’avérera plus éprouvant.  Un peu de pluie mais surtout un vent soutenu de 3/4 face qui se renforce en pleine face sur la fin le long du Lac du Bourget. Mais voilà, ma petite heure de gloire arrive. A environ 20 km de l’arrivée je trouve Raymond Martin seul luttant contre le vent. Je lui propose donc de jouer l’équipier devant et je l’informe régulièrement, à sa demande, sur la distance restant à effectuer. Il me remerciera vivement une fois arrivés et pour moi cet épisode me fait une belle histoire à raconter!

Avec la 4ème étape commence la phase alpine avec des distances plus courtes mais beaucoup plus de dénivelé. Mentalement j’y étais prêt mais est venu s’ajouter une forte pluie au départ et pendant les 3 heures qui suivent. Donc une montée d’un cran dans la difficulté alors que trois cols devaient être franchis ce jour là en particulier celui de La Croix de Fry. 

Le 5ème jour est ce que les organisateurs appelle une 1/2 étape. Simplement parce que le kilométrage est de seulement 91 km et donc le déjeuner ne sera offert qu’à  l’arrivée ( et non en route). Avec un dénivelé de 2600m et la montée au Saisies offrant des pourcentages dépassant souvent les 10%, cette étape a été pour moi une des plus éprouvante. 

J6 vers Brides-les-Bains. Au moment de prendre mon vélo au garage vers 7h je constate que mon pneu arrière est à plat… Je lève les yeux et juste devant moi le camion des mécanos est là. Michel et Jean-Jacques super serviables et compétents me changent la chambre en 5 minutes. On continue dans le rythme alpin avec 3 cols démarrant avec celui de Cormet de Roselend. Déjà 1000km et 13000m au compteur. Ça tient mais on sent un peu la fatigue s’accumuler. 

La Montagne ça vous gagne toujours

La 7ème étape est celle que je redoutais le plus après lecture de la fiche de route. Plus de 4000m de dénivelé sur 130km vers Valloire après les Cols de la Madeleine, Chaussy et le Télégraphe. La veille au soir les organisateurs offrent une alternative légèrement adoucie pensant que beaucoup d’entre nous risquaient de ne pas finir compte tenu du niveau de fatigue général. Nous serons donc environ 80% des participants à opter pour cet itinéraire bis qui,évitant une bosse ( que nous avions faite dans l’autre sens la veille), réduisait le dénivelé à 3500m. Ouf! Mais malgré tout pas si facile de se farcir le Télégraphe en dernier. 

J8 , journée mythique avec l’ascension du Galibier par le Tunnel ( avec autorisation spéciale et escortés par les motos) le sommet étant encore enneigé. Puis c’est le l’Izoard et la montée sur Vars.

Bientôt l’arrivée et la pluie

Le neuvième jour bien qu’affichant un programme bien chargé devait être plus relax n’ayant plus que 2 jours devant nous. Sans compter l’excitation de rendre visite a nos voisins transalpins à Cuneo. Malheureusement la météo en a décidé autrement. Les premiers 40 km se font sous une forte pluie depuis Vars et une température d’environ 10 degrés. C’est dans ces conditions que l’on attaque le col d’Agnel ( magnifique au demeurant) avec la température qui descend à 5 degrés et de fortes rafales nous forçant à rouler à gauche loin du précipice. Plus douloureuse encore a été la descente glaciale dans des vêtements trempés. Les derniers 80 kms dans la plaine s’avéreront réconfortants au chaud mais sur des routes italiennes en piteux état. 

Et voilà la dernière étape pour atteindre la Grande Bleue. La « descente » sur Nice commence avec la très longue montée de plus de 20 km du Col de la Lombarde. Une fois de plus c’est sous une pluie battante que l’on part de Cuneo. Bon, c’est le dernier jour et on ne sent plus rien. Après le Saut des Français, la Vallée de la Vésubie c’est l’arrivée sur Nice et le retour des voitures que l’on a peu côtoyées pendant 10 jours sur des routes globalement tranquilles. 

Max me disait « tu verras tu vas prendre ton pied ». Michel M. lui me disait sur le ton de la plaisanterie lors de nos sorties USML « ça va être dur le Paris Nice! ». Et bien ils étaient dans le vrai tous les deux. 

On y retourne (peut être)

Les organisateurs ne sont pas certains de repartir pour une 22ème edition en 2026. Réponse en 2025. Néanmoins si tel est le cas j’encouragerais tous à y participer. Moi même j’y pense déjà mais ce serait encore plus enthousiasmant si nous formions un groupe USML. A noter que 8 participants avaient plus de 70 ans et la plupart plus de 60. Et puis il y a toujours possibilité d’écourter les étapes en cas de difficulté.
Go USML Cyclo! 

Didier Lebrat

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