13 au 16 Juin 2017 – l’Ardéchoise

Quatre mois après les événements, il n’est plus temps de raconter notre Ardéchoise. Donc pas de récit, mais une évocation pointilliste par Magali de ces quelques jours de plaisirs cyclistes.

Je me souviens qu’Emmanuel a tout méticuleusement organisé, secondé efficacement par notre ami Didier de l’ACMLR

Je me souviens qu’il y a deux groupes tous engagés sur 4 jours :

Le groupe A engagé sur l’ardéche verte suivi de   l’ardéche Marathon sur 3 jours. Ça va quand même faire 360 kilomètres en quatre jours pour 6300 mètres de dénivelés.

Le Groupe B va se frotter à l’Ardéchoise parcours des Gorges, qui représente en nominal 603 kilomètres et 10.000 mètres de dénivelés (mais nous verrons qu’il y a moyen de diminuer l’addition).

Deux forfaits : Damien remplacé par Yves et Barthélémy dont le trou ne s’est pas refermé.

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Je me souviens qu’un co-voiturage astucieux a réussi à limiter notre empreinte carbone.

Je me souviens que l’organisation nous a offert un casque et un petit cadeau supplémentaire pour les filles, qu’il a fallu faire un bagage nécessaire et suffisant n’excédant pas 10 kilogrammes à confier à l’organisation, que nous sommes partis à l’aube de notre gite pour prendre le départ à 7h du matin.

Météo :

Je me souviens qu’il a fait beau, très beau, et au début beaucoup trop chaud et orageux.

Le premier jour, au bout de 80 kilomètres d’effort, j’arrive  au col de Buriane sous les applaudissements de Jean-Michel et Didier. « Tu n’es pas la dernière ! tu as dépassé Daniel », ces encouragements joyeux me servent de béquilles et je m’y cramponne pour ne pas m’écrouler. Je suis plus rouge qu’un homard et au bord de l’évanouissement. Je me demande, une fois de plus, quelle mouche m’a piquée pour me mettre dans une galère pareille.  En plus, il n’y avait guère de mérite, Daniel se débattait avec des crampes épouvantables et Sylvie et joseph sont partis deux heures après moi.   Enfin, après un peu de repos à l’ombre et j’ai pu repartir et terminer l’étape 80 kilomètres plus loin, fatiguée mais opérationnelle pour le lendemain.

Je me souviens que nous avons essuyé deux orages. Le premier nous a saisi Daniel et moi au sommet du col de la Faye. Imperméable aux intempéries nous avons quand même entamé la descente. Daniel a résisté au déluge sans veste, et sans coupe-vent. Mon GPS, lui s’est noyé irrémédiablement. Grace à cet orage, je continuerai les jours suivants dans la glorieuse incertitude du sport, c’est à dire sans savoir ni la vitesse, ni le nombre de kilomètres parcouru, ni le dénivelé. Finalement débarrassée de la technologie et de ses mesures, j’éviterai de me préoccuper de ma moyenne.

Le deuxième orage est tombé sur Joyeuse vers 17h, avec des conséquences minimes , suppression de la séance de balnéothérapie en piscine que nous nous étions promis, séchage difficile des petites affaires que nous avions voulu laver, et dépôt de boue sur les vélos de ceux qui sont arrivés en soirée.

Les 2 jours suivants, le beau temps s’est maintenu, la température a légèrement diminué, l’atmosphère orageuse a été dispersé par un fort vent du nord qui en contrepartie, a contrarié notre progression vers le nord.

En matière de météo, le cycliste est difficile à satisfaire.

Relief

Je me souviens que ça monte souvent et longtemps. Quand ça ne monte pas, ça descend., Malheureusement cette phase ne dure jamais assez longtemps. A la fin de la journée, nous retenons surtout la fatigue des ascensions et plus rarement l’ivresse des descentes.

Nous apprenons rapidement qu’il ne faut jamais se fier à ceux qui ont déjà fait le parcours dans le passé. Leur mémoire a gommé les bosses, et cette édulcoration leur permet de  vous (se) faire croire que c’est la dernière côte, ou que les prochaines seront plus faciles. Encore mieux, il ne faut surtout pas faire confiance aux ardéchois qui ont des mollets qui mesurent le dénivelés et les kilomètres avec une règle particulière qui leur fait convertir les kilomètres en hectomètres (parfois même en décamètres). Rien n’est jamais loin, rien n’est jamais haut, j’en soupçonne certains de n’avoir parcouru les routes qu’en voitures.

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Distance

Je me souviens, que nous avons pu adapter notre parcours à nos capacités. Ainsi, Daniel et moi avons supprimé presque une centaine de kilomètres du circuit des Gorges et les 1500 mètres de dénivelé qui allaient avec. Cette adaptation nous a donné un petit  plaisir mesquin : voir les yeux d’Emmanuel et sa bande de costauds s’écarquiller en nous trouvant Jean-Michel, Daniel et moi au village de Monréal, en train de nous empiffrer de pâté et de crème de marron. Ils sont partis le matin un bon quart d’heure avant nous, ils ont roulé à une moyenne que seule ma prochaine réincarnation me permettra, et ils nous trouvent à 4h de l’après-midi frais et dispo en train de nous goberger à 15 kilomètres de l’arrivée. Bon, ils n’ont pas tardé à comprendre la supercherie; nous avons coupé une bonne trentaine de kilomètres pour ajuster la longueur de l’étape à nos capacités.

Shot with DXO ONE Camera

Organisation

Je me souviens, que l’organisation de cet événement est un modèle. Il y a des parkings en nombre suffisant pour permettre aux 12.000 participants de s’installer. Retirer son dossier et son cadeau peut se faire avec un minimum d’attente. Pour les itinérants, un ballet savamment orchestré de camionnettes permet à chacun de trouver son bagage à sa porte tous les soirs, les logements sont suffisamment confortables pour nous offrir une douche chaude et un lit. Il y a eu quelques surprises, Chira a ouvert de grands yeux quand elle a compris qu’elle devrait non seulement partager sa chambre avec des draps pas très propres mais en plus son lit avec Philippe. Heureusement, Pierre-Yves tel le chevalier blanc a organisé le remplacement des draps et modifié la répartition des chambres (les filles d’un coté, les garçons de l’autre).

Le fléchage des parcours est impeccable et grâce aux codes couleurs associés à chaque circuit, on peut faire son chemin sans erreur et sans GPS. Là aussi, un peu d’imprévu peut se glisser. Chira a eu un moment de distraction et pris la route à droite jusqu’à rencontrer après une longue descente, un village qui était à 10 kilomètres de la route à gauche. Il a fallu regonfler le moral de Josyane qui pensait s’en tirer à bon compte et se voyait contrainte de grimper la jolie descente qu’elle venait d’apprécier.

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C’est la fête

Je me souviens que c’est la fête, avec tout ce qui va avec.

  • Les exposants du village de départ qui présentent et éventuellement vendent tout ce qui peut être utile au cycliste de la chaussette de compression aux vélos en passant par les barres énergétiques, les casques, les cuissards, les pneus, les roues et j’en passe…
  • Les orchestres qui nous accueillent dans les villages, et nous encouragent dans les trop longues ascensions.
  • Les danseurs qui vous entrainent dans de joyeux ballets (la photo de Josyane dansant le cakewalk est irrémédiablement perdue)
  • Les villages pavoisés de jaune et violet, les habitants déguisés en papous, en chinois, en père noël, en cow-boys, en princesse, chevalier et j’en oublie.
  • Les ravitaillements qui vous font apprécier les spécialités locales, bière ou confiture de chataîgne, fromage de brebis ou de chèvres, charcuteries diverses : caillettes, maouches, criques, et autres saucissons, les fruits avec une mention spéciale pour les abricots de Monréal.
  • Pour nous abreuver nous trouvons toujours beaucoup d’eau plate ou pétillantes.
  • Pour nous réconforter ou nous amuser, il y a toujours des sourires.

Chaque village rivalise d’inventivité et d’hospitalité pour nous faire apprécier ce pays de soleil et de rocher. Les plus sociables d’entre nous en profitent pour échanger des bavardages à n’en plus finir pour mieux connaître la région et ses spécialités.

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La vie des groupes

Je me souviens que nous étions 15, nous avons tous reçu un beau casque violet et jaune, mais nous n’avons pas abordé cet événement dans le même état d’esprit et ni les mêmes capacités.

  • Il y a le groupe de ceux qui ne sont pas là pour cueillir les marguerites. Rapides dans les ascensions, couchés sur le cadre dans les descentes,  expéditifs aux ravitaillements. Leur seul souci semble être, vu de l’extérieur, de battre leur record sur tous les segments Strava de l’Ardéchoise. Ils sont tellement pressés qu’un matin, ils sont partis à trois au lieu de quatre. Il y a peu de photo de leur exploits car ils allaient trop vite pour mon objectif.
  • Il y a les festifs, qui prennent plaisir à converser avec les uns et les autres (organisateurs et participants), et à profiter de toutes les animations rencontrées sur le parcours. Pour eux, l’ardéchoise, c’est deux tiers de vélo, un tiers de contact humain.
  • Il y a les laborieux qui ont compris après une journée de vélo que leur survie et leur plaisir nécessitaient de procéder à quelques ajustements du parcours.
  • Et il y a ceux qui ont décidé que pour profiter du vélo, du beau temps, de la nature et des habitants, il fallait ajuster leur attitude au gré de leur forme et des opportunités
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Conclusion

L’ardéchoise chacun peut y trouver son plaisir : sportif dans des parcours exigeants, bucolique dans les vallées et les forêts, gastronomique dans les spécialités locales, artistique dans les villages de pierres.

Mais ce que je retient surtout, c’est la bonne humeur communicative des habitants et leur ardeur à nous faire plaisir. Bref, l’ardéchoise c’est la fête du vélo.

Et donc pour nous mettre au diapason de cette bonne humeur, comme chez les gaulois, nous avons partagé un banquet, mais sans les chansons parce que personne n’a voulu jouer le rôle d’Assurancetourix.

 

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